Conte Malgache: La bonne Fleur Avalée

Publié le par Jao Malaza

Petite Malgache rencontrée sur le Canal des Pangalanes, Madagascar (Marie-Christine Sternick)
Petite Malgache rencontrée sur le Canal des Pangalanes, Madagascar (Marie-Christine Sternick)

Faravavimiririolona était la trosième femme du roi Faralahimbazaha et sa préférée, quoiqu'elle fût la seule qui n'eût pas encore eu d'enfants. Un jour qu'ils se promenaient ensemble sur le bord de la rivière, ils virent une fleur magnifique qui flottait à la surface de l'eau. « Si mon père et ma mère sont nobles, que cette fleur vienne à moi dit Faravavimiririolona,et aussitôt la fleur vint à elle; elle la prit et l'avala.

Dans son sein, cette fleur devint un enfant.

Pendant qu'elle était enceinte, son mari Faralahimbazaha partit au loin afin de recueillir des choses rares et précieuses pour le fils dont la venue lui causait tant de plaisir. Pendant son absence, Faravavimiririolona mit au monde une jolie petite fille avec l'aide de ses rivales qui étaient accourues pour l'aider à accoucher et qui lui substituèrent un balai, puis qui, ayant caché l'enfant, revinrent tuer Faravavimiririolona parce qu'elle avait mis au monde un monstre et, par haine, l'enterrèrent au nord du village. Quant à l'enfant, elles lui firent grâce de la vie et la gardèrent comme esclave. En même temps que la petite fille grandissait et embellissait, poussait sur la tombe de Faravavimiririolona un grand arbre dont les fruits étaient remplacés par de beaux objets et en particulier par des lambas magnifiques.

Au retour de Faralahimbazaha, qui rapportait de nombreux cadeaux de ses longs voyages, ses deux épouses lui apprirent que Faravavimiririolona était morte après avoir enfanté un monstre. Le roi en fut très chagrin et, pour se consoler, il essaya de s'emparer des belles choses pendues à l'arbre qui ombrageait la tombe de son épouse favorite; ni lui, ni ses deux femmes, ni aucun do se sujets ne purent y parvenir, parce que cet arbre, à mesure qu'en s'en approchait, grandissait, puis reprenait sa taille normale quand il n'y avait plus personne.

Ne comprenant rien à ce phénomène bizarre, et tenté par les lambas, Faralahimbazahafit tirer le sikidy, dont la réponse fut : « Si vous voulez vous emparer des objets, emmenez sur la tombe la pauvre petite esclave ». Le roi exécuta l'ordre du sikidy et, accompagné de la petite fille et de ses deux épouses et suivi de son peuple, il s'approcha de la tombe en disant: « Si mon père et ma mère étaient nobles et puissants, que toutes ces belles choses viennent entre mes mains », mais rien ne bougea. Les deux princesses parlèrent ensuite, l'arbre grandit; il en fut de même pour tous les assistants qui tentèrent l'expérience. Alors le mpisikidy émit l'idée qu'il fallait faire parler la petite fille, qui dit « Mon père s'appelle Faralahimbazaha ma mère s'appelle Faravavimiririolona, et mon nom est Isoavoninatelina (c'était celui que lui promettait son père et sa mère avant sa naissance) ». A peine eut-elle prononcé ces paroles que Faravavimiririolona répondit du fond de sa tombe : « Oui, ma fille, tu as raison de parler ainsi », et aussitôt l'arbre se pencha un peu vers la petite fille, qui répéta « Mon père s'appelle Faralahimbazaha, ma mère s'appelle Faravavimiririolona et moi Isoavoninatelina » «Oui, c'est bien vrai, tu es ma fille », répondit la morte, et l'arbre se pencha davantage. A cette vue, le roi et le peuple furent très étonnés et les deux rivales tremblèrent de frayeur. La petite fille parla une troisième fois, et les branches de l'arbre touchèrentterre si bien que chacun put prendre ce qu'il désirait.

Après cela, Faravavimiririolona ressuscita à la grande joie de Faralahimbazaha qui fit mettre à mort ses deux autres épouses et ne garda avec lui que Faravavimiririolona et Isoavoninatelina qu'il reconnut comme sa seule enfant.

Isoavoninatelina (Litt. la bonne fleur avalée)
Conte extraits de la bibliothèque de Mr. Alfred Grandidier.

Publié dans Conte, Légende

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