Dieu c'est mon village. Tous les...

Publié le par Jao Malaza

Village du Menabe
Village du Menabe

Je tien à vous partager aujourd’hui une phrase prononcer par un vieux sage en aout 1989 dans le village de Mangily. Vous trouvez plus bas l’explication de la personne à qui cette phrase, qui peu paraitre absurde, est venue en réponse à une question qui elle s’en doute avait sa part d’absurdité. Remise dans son contexte elle prend une valeur profonde qui pourrais être prise comme devise par de nombreuses personnes et qui surement nous permettrais d’avoir un monde meilleur.

Voici la première page d’introduction du livre de Sophie Goedefroit – A l’Ouest de Madagascar – Edition Kartala.
« Dieu c'est mon village. Tous les vivants ne forment qu'un seul Monde, car comme il n'y a qu'une vie, il n'y a qu'un seul Monde, la vie des hommes. »

« Zanahary io, ro tanako. Raïke iube tontolo ny olombelo iabe manontolo, satria raïke auao nyfiaïne, raïke auao ny tontolo fiaïnan'olombelo »

Août 1989. Cette phrase prononcée par un vieillard me surprit au milieu d'une enquête. A cette époque, j'amorçais mes recherches en Menabe. Ma vision de ce monde était encore empreinte de sa curiosité exotique. Accompagnée d'un traducteur, je tentais de comprendre les origines et la signification symbolique de l'art des tombeaux sakalava du Menabe, sujet captivant sur lequel depuis j'ai beaucoup écrit. C'est en réponse à une de mes questions naïves que le vieil homme prononça ces mots. Je m'étonnais de la présence de croix chrétiennes sur les tombes et, tout naturellement, je lui avais demandé si lui et les gens de son village croyaient en Dieu. Les questions maladroites entraînent parfois des réponses pertinentes qui dépassent à l'instant l'entendement de celui qui les pose. Sur le moment, je trouvais cette phrase étrange. Je ne pouvais imaginer que le vieil homme qui plus tard allait m'adopter, devenir mon père au village de Mangily, venait en quelques mots de bouleverser mes recherches et de leur donner leur orientation future. Dieu, « c'est mon village » disait-il. Comment pouvais-je comprendre qu'il parlait de ses proches, de la vie qu'il partageait en communauté, de ce petit monde organisé sous le regard de Dieu et des ancêtres ; alors que je me bornais encore au concret, au village comme lieu d'habitation, sans aucune idée de l'organisation sociale et de ses représentations.

Publié dans Zanahary, Village, Menabé

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