LE CONTE L’ORIGINE DU SIKIDY

Publié le par Jao Malaza

Devins antandroy photographiés par Raymond Decary en 1924
Devins antandroy photographiés par Raymond Decary en 1924

Le Sikidy et une des pratiques utilisées à Madagascar pour la divination. On le retrouve sous différentes variantes un peu de partout sur terre, en Europe il est arrivé au début du 10 ème siècle et est plus communément appelée Géomancie.

« Il y eut un homme appelé RASOLO. Il fit des études sur l’islam à la Mecque, en Arabie. A la fin de ses études, il décida de quitter le pays. Mais avant de quitter ce pays, il épousa une fille issue d’une grande famille de la Mecque. Un vendredi, le couple quitta le pays.

RASOLO et sa femme traversèrent la mer à pied. Et la mer s’ouvrit en leur donnant passage pour se refermer aussitôt après, derrière eux. RASOLO marcha devant, muni d’une canne qui fendit les eaux. Sa femme, les bagages bien calés sur la tête, le suivit par derrière.

Après des jours et des semaines de traversée, ils arrivèrent sur une île. Ce fut l’île Sainte-Marie, qui autrefois s’appelait : « Nosy Ibrahima » (île Ibrahim). RASOLO et sa femme y séjournaient pour longtemps. Là, ils eurent des enfants dont deux garçons et deux filles.

Lorsque ces quatre enfants atteignirent l’âge du mariage, RASOLO fit fermenter deux cruches d’alcool.
Un vendredi, il appela les deux premiers enfants, un garçon et une fille. Ils les firent asseoir sur une natte faisant, face à l’Est. Le garçon était placé au Nord et la fille au Sud. Puis RASOLO se mit à prier pour ses enfants, en récitant des formules incantatoires. Après cette prière, les deux enfants se marièrent. RASOLO en fit de même pour ses deux autres enfants. A la fin de l’opération, les quatre enfants devinrent époux et épouses. Et les descendants de ces deux couples peuplèrent la partie Est de la grande île. On appela ces habitants Vazimba. La femme de RASOLO vieillit. RASOLO, le mari, s’enterra pendant six mois sans que la tombe fût bouchée. Après six mois d’auto enterrement, RASOLO retrouva sa jeunesse. Il retourna à La Mecque, avec sa vieille épouse. Là, RASOLO épousa une autre jeune fille de la Mecque, issue elle aussi d’une grande famille. Et il revint encore une fois dans l’île Ibrahim. De cette seconde union naquirent huit enfants (quatre garçons et quatre filles), à savoi
r:

  1. TALE
  2. MALY
  3. FAHATELO
  4. BILADY
  5. FIANAHAÑ
  6. ABIDY
  7. BETSIMISAY
  8. FAHAVALO

Les quatre garçons et les quatre filles se marièrent entre eux et mettent à leur tour quatre enfants, à savoir :

  1. FAHASIVY
  2. HAJA
  3. LALA ou LALAÑA
  4. SOROTA ou SÔROTAÑA

Ces quatre enfants, dont deux garçons et deux filles, donnèrent naissance à deux autres enfants qui sont :

  1. OMBIASA
  2. SELY ou TÔVOLAHY

Ces deux enfants (un garçon et une fille) donnèrent naissance à

  1. HAKY

Mais contrairement à tous ses ascendants, HAKY n’enfanta pas immédiatement. Il était un enfant bizarre et, à cause de cela, ses parents ne voulurent point le garder auprès d’eux. En fait, il avait des dons particuliers et ne ressemblait à aucun enfant de son âge. Abandonné par ses parents, HAKY vivait dans la solitude. Supportant mal cette solitude, il demanda alors secours à TALE, son arrière-grand-père. Celui-ci accepta de l’élever. Parvenu à l’âge adulte, il finit enfin par enfanter, lui aussi. Mais son fils n’a plus donné d’enfant. Mais, en contrepartie, il était devenu plus grand devin du village ainsi que de tous les gens qui peuplent la Grande île. Toutes ces gens essaimées çà et là, des Côtes aux Hautes Terres) ne sont que des descendants de RASOLO ».

Le témoigne recueillis, il y vingt ans de cela, auprès de l’ombiasa FIANDROHA de Manja, au coeur du royaume du sakalava Menabe.

(J.F RABEDPMY 1976)

La géomancie, telle qu'elle est pratiquée par les Arabes à partir des X-XI siècles, et telle qu'elle sera utilisée dans l'Occident latin, est une technique « savante ». Il s'agit d'une divination à base mathématique, qui vise à la connaissance du passé, du présent et de l'avenir, par l'interprétation de seize figures. Ces seize figures, formées par la combinaison du pair et de l'impair sur quatre échelons, sont placées sur un thème, dans des cases appelées maisons.
A chaque figure comme à chaque maison sont attribuées des propriétés et des significations particulières. Les pronostics sont tirés de la combinaison, selon certaines règles, des propriétés et des significations respectives des figures et des maisons.
Les premiers traités en langue latine connus datent en effet du X ène siècle sont l'œuvre de traducteurs :
« L’Ars géomancie » de Hugues de Santalla,
« le Si quis per artem geomanticam » de Gérard de Crémone,
le traité anonyme Eslimavcru.nl Indi,
auxquels on peut ajouter un quatrième texte attribué à Platon de Tivoli,
se présentent comme des traductions de traités arabes. Ces œuvres constituent les bases sur lesquelles se développera la géomancie au cours du moyen âge : l'essentiel de la technique géomantique y figure déjà.

Publié dans Conte, Légende, Sikidy, Géomancie

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